Voici
près de deux siècles, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex) était en voie de
disparition. Aussi, sa chasse fut-elle d'abord interdite sur le territoire du Grand
Paradis avant que celui-ci ne fut déclaré Réserve Royale de Chasse en 1856 par
le roi Victor Emmanuel II. C’est toujours dans le but d’assurer sa protection
que fut finalement créé en 1922 le Parco Nazionale Gran Paradiso, suivi en 1963
par l'inauguration du Parc National de la Vanoise. Depuis 1981, l’espèce est protégée en France. Réintroduit ensuite dans plusieurs massifs
(Vercors, Ecrins, Mercantour, …), sa population a alors fortement progressé
pour atteindre plus de 10.000 individus en 2015 dans l’ensemble des massifs
français. En 1965, il fut introduit dans la Réserve Naturelle du Creux du Van dans le Jura suisse et plus récemment réintroduit en Chartreuse en provenance de
Belledone et de Vanoise. En 2014, ce fut au tour des Hautes-Pyrénées et de l’Ariège
pour remplacer les derniers spécimens du Bouquetin des Pyrénées disparus en
France voici un siècle. Il s’agira cette fois de l’espèce ibérique (Capra
pyrenaica) encore bien présente dans plusieurs régions d’Espagne et du Portugal.
Idyllique
? Ce serait sans compter sur les aléas de la Nature. Ainsi, rien qu’en Vanoise,
la population a chuté de 2500 à 1500 individus entre 2005 et 2010. Plusieurs
causes peuvent être avancées comme la rigueur de certains hivers, notamment en
2010, ou encore les nombreux cas de kérato-conjonctivite, une maladie
infectieuse impliquant la bactérie Mycoplasma conjunctivae et qui peut conduire à la
cécité. En cas d’importantes épizooties affectant des populations à forte
densité, le taux de mortalité peut atteindre 30%. Et plus récemment, ce sont des
cas de brucellose qui ont été rapportés dans le Massif du Bargy en
Haute-Savoie et qui ont conduit, temporairement, à l'abattage indiscriminé ou par euthanasie après contrôle de la séropositivité. Même si cette maladie, provoquée notamment chez les ovins et les caprins
par la bactérie Brucella melitensis, est peu apparente, elle affecte néanmoins
leur appareil reproducteur. Et c'est sans compter sur les autres maladies auxquelles ils peuvent être sujets et dont la faune domestique peut être porteuse. Décidément, la vie de bouquetin est tout sauf un
long fleuve tranquille …