Après avoir gravi la Grande Casse, premier sommet de la Vanoise (et de la Savoie), puis la Dent Parrachée, le troisième, on pouvait difficilement faire l'impasse sur le Mont Pourri, le second. Ce sommet pourrait devoir son nom à un montagnard qui l'aurait gravi voici bien longtemps, la première ascension officielle revenant cependant à Michel Croz en 1861. En toute logique, nous avons décidé de l'aborder initialement par sa voie normale, avant d'entamer l'année suivante la traversée au départ du Dôme de la Sache. Ordinairement, l'ascension s’effectue donc depuis le refuge du Mont Pourri qu'on rejoint au départ du Rosuel situé au fond de la vallée de Peisey-Nancroix. La Voie Normale, dont la pente n’excède pas 40°, emprunte le Glacier du Geay que l’on atteint en remontant une rude moraine qui s'élève au-dessus de l’ancien refuge. Le même itinéraire peut être emprunté à la descente mais le retour peut aussi être effectué par une boucle en franchissant le Col des Roches pour redescendre ensuite par le Glacier du Grand Col. On emprunte alors, en sens inverse, le trajet "historique".
Comme c'est souvent le cas en montagne, le programme doit être modifié en dernière minute pour des raisons diverses. Notre première ascension du Mont Pourri n'a pas dérogé à cette habitude. Les appels téléphoniques se succèdent donc en direction du refuge afin de réserver nuitée et repas du soir, en vain. Un message est laissé sur le répondeur. Départ tardif en raison des orages qui éclatent mais auxquels heureusement nous parviendrons à échapper. Arrivée au refuge sous un soleil qui réapparaît enfin, offrant une très belle lumière sur l'Aliet et le Sommet de Bellecôte. Coup d'oeil à droite, coup d'oeil à gauche : personne ! Le gardien rentre alors, un rien énervé, et nous demande ce qu'on fait là car personne n'a réservé et qu'il a plein de problèmes avec ses canalisations, sa téléphonie, ... Bref, on sent qu'on tombe mal. On lui explique calmement nos démarches et tout rentre finalement dans l'ordre. N'ayant évidemment rien prévu, il parviendra néanmoins à nous préparer un bon repas à partir de ses réserves et la soirée se terminera autour d'un Génépy. Pas belle la vie ?